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Le cahier de la liberté

Le cahier de la liberté
17 mars 2012

Marius ou la lettre

Premier jet du début d'une nouvelle que j'aimerai écrire... que l'on y reconnaisse qui l'on voudra et que l'on m'excuse des lourdeurs, fautes et autres maladresses auxquelles temps et travail remédieront (Inch'Allah!)

***

 

Marius ou la lettre


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Hiver 1940. Jeannette a vingt ans.

     Un froid soleil se lève paresseusement dans le silence des collines. Jouant avec le sol glacé, il sème ses reflets sur le manteau blanc dont la terre s'est couverte. Des bleutés, des argentés scintillent. Chacun d'eux murmure à l'oreille attentive, évoque une chose, une odeur, une histoire et leur concert anime d'une vie discrète les champs endormis. Pâles échos des blés faisant danser leurs jaunes et leurs dorés dans le vent de juillet. Celui-ci, auprès du puit, frêle et tremblottant, comme la dernière feuille que l'automne emporta ; celui-là, au pied du frêne au serres noires et nues, aigu et dur comme la glace qu'il faudra briser, pour atteindre l'eau du lavoir. Chaque hiver et chaque matin, le soleil d'hiver semble en inventer de nouveaux, qu'il n'a encore jamais offert à la vue des hommes qui vivent là. Et surement, il en garde encore d'autres en secret, pour les matins, pour les hivers qui viendront.

     Marie-Jeanne jette son châle de laine sur ses frêles épaules, les os mordus par le froid. Elle ferme ses petits yeux encore engourdis de sommeil, et tend son visage, cherchant la timide caresse d'un rayon. Chaque matin, comme s'il voulait rappeler les chaleurs du printemps encore lointain, le soleil chauffe doucement, pendant quelques minutes, une heure peut-être ; puis comme s'il dépensait ainsi toute l'énergie que le rude hiver lui permettait de conserver, il se fait froid pour le reste de la journée. Le jeune visage dessine un fin sourire et les yeux se rouvrent où brillent la joie légère d'avoir volé, comme un fruit sur les étalages du marché, un frileux morceau de la belle saison.

     La lourde porte en bois grince, et les sabots d'Yvonne résonnent sur le perron. De sa haute et fine silouhette, la jeune fille traverse la petite cour pour rejoindre sa cadette, la prend par le bras. ''Allons Jeannette, viens, le Bon Dieu ne nous attendra pas.'' Il y avait une heure de la maison jusqu'au village, si l'on allait d'un bon pas. Les leurs, fermes et rapides, faisaient craquer le givre épais du chemin. Passée la première colline, elles s'arrêtèrent un instant ; à travers la haie aux branches nues, on distanguait une petite maison ; une fumée s'en élevait pour se perdre dans la lumière blanche du matin. La mère D sorti, enroulée dans une grande écharpe, un panier sous le bras et gagna le chemin, adressant aux deux soeurs le bon sourire de son visage franc. ''Alors, mes filles, ça va comme ça veut?'' Le regard pétillant qui toujours accompagnait ses mots forçait à oublier, au moins le temps d'un salut, les soucis qui vous travaillaient l'âme. ''On fait aller, Mam' D, on fait aller''. Ses yeux parraissaient regarder au loin, bien plus loin que ces terres désolées et l'on s'y plongeait en oubliant la guerre revenue, et avec elle ses hommes absents, ses angoisses et ses voiles noirs qui depuis un an déjà fleurissaient dans la vallée. Habillée de noir, elle aussi, comme la plupart des femmes des hameaux alentours, elle avait ces phrases anodines et banales que la sagesse populaire fait couler à travers les générations.

     Elle savait les prononcer avec une chaleur telle qu'elles prenaient, sous leur couleur de résignation, des accents de vérité toute simple qui avaient le secret de montrer des brins de joies dans une plaine endeuillée. Elle se retourna et lança ''Marilou! Marilou! Vim! Epècha te, que l'Père André aura fermé ses portes!'' Une seconde silouhette se détacha devant la maison, et l'enfant dévala la pente de ses petites jambes entravées par les lourds chausses de bois. La petite troupe se mit en route, et de sa voix fraiche la Jeannette entonna une chanson du pays que le claquement des galoches et le sifflet du vent accompagnaient joyeusement.

...

 

     Quand les cloches sonnèrent la fin de la messe, les femmes descendaient par petits groupes les quelques marches de l'église et s'arrétaient un moment pour discuter. Une vieille dame , voilette de dentelle noire couvrant ses cheveux blancs, s'approcha des deux soeurs : ''Bonjour mes filles! On fait aller? Comment va le père Giraud? Pauvre homme, veuf à son âge, c'est pas des choses qui faudrait voir, tè. Mais enfin il a bien de la chance d'avoir des filles comme vous, vous lui êtes d'une grande aide, tè.

- Pardi! L'bon Dieu lui a pas tout pris, au père Joseph!'' La mère D arrivait, sa fille sur ses pas, un air jovial quoique d'une certaine gravité sur le visage. ''Au fait, Yvonne, comment va la Simone ? Ton père m'a dit que son mari a été appelé, pardi, elle va pas rester toute à Menton, quand même, he`?

- Oh non Mam' D, notre beau frère a été fait prisonnier en Allemagne il y a un mois de cela. Elle a mit leur petites affaires en ordre, fermé l'économat qu'elle ne peut plus faire marcher toute seule, elle devrait arriver à la Chalaye sous peu.

- Milladioux! Allons, pensons qu'prisonniers ils ont plus de chance de r'venir, nos hommes, qu'en restant au front avec les fusils allemands aux fesses!'' glissa la mère D en prenant la jeune fille par le bras. Puis, retrouvant toute sa gaité, plus pour la vieille dame que pour les deux soeurs, elle lança : ''Tè, en parlant de ça, m'en vais t'en raconter une bonne moi! Paraît qu'le fils à Laval, l'a eut une sacrée frousse, tè, pas'qu'un boulet d'canon, mazette, lui a frolé l'corps. L'a bien cru y passer, l'bonhomme, mais y s'en ai sorti. Mais, tè, quand y s'est réveillé à l'infirmerie, l'gars, y lui manquait un fesse! T'y sais pas comment qu'on l'appelle maintenant? Borgne-fesse!''

     Les deux femmes partirent d'un même rire, où la tristesse le disputait à une envie de vivre, coûte que coûte, comme pour ne rien céder aux mauvais jours. Il y avait, dans ces visages soucieux et rieurs, une sorte de fierté, d'honneur que l'on défendait chaque jour, et ces éclats de rire le disaient bien haut : laisser le désespoir gagner du terrain aurait été une défaite sur le champs de bataille du quotidien. Yvonne se tenait tête baissée, et Jeannette, sérieuse, regardait les femmes lutter contre leurs malheurs. La mère D lisant dans ces postures ce qu'elle avait oublié un instant, se reprit. Elle était allée, la veille, au village du Teil et y avait rencontré leur tante L. Son fils étant aussi au front, il lui demandait, dans chacune de ses lettres, si l'oncle Giraud avait des nouvelles de son fils Marius, parti en même temps que lui.

''L'on sait bien, ma bonne dame, que le cousin demande après notre frère. Mais voyez, nous n'avons point de nouvelles, pas une lettre ne nous arrive. Allez savoir!

   - Hé, comme on dit, ma fille, pas nouvelles... Faut jamais être trop pressée que le facteur vous ammène un soir la lettre avec une médaille et des regrets à l'intérieur! Y a des lettres qui se perdent, dans les temps de guerre, et puis des officiers qui s'amusent à filtrer le courrier des pauvres bougres comme nos soldats. Allez, mes enfants, les soucis ne font pas jolis sur vos jeunes minois, riez tant que vous avez encore des belles dents à montrer! Le bon Dieu le garde votre frère!

- Qu'il vous entende, ma bonne dame, qu'il vous entende.''

 ...

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5 mars 2012

il est toujours temps de finir ce qu'on a commencé...

     David Brouillet, magasinier chez Feux Vert en CDD, père chef du district SNCF, mère morte en le mettant au monde un jour de guerre ; élevé par la garde-barrière, le lobe de l’oreille droite est plus long que l’autre à force de tirer dessus ; il est meurtrier, et embaume les oreilles de ses victimes.

     Madame Duclam est morte en couche, chez elle, un jour de grève ; femme de chef de district. Son fils a été élevé par la garde barrière , il a toujours vécu dans le ferroviaire. Sa passion, tout petit : le sifflet et les tains. Son horreur : les grèves. A noter en tic : il se tire l’oreille droite sous le coup d’une émotion, laquelle possède un globe plus long. Y a-t-il un rapport avec le fait qu’il embaume les oreilles de ses victimes ? comme le dit un gynéco très connu il est prématuré de l’affirmer ou encore un givaro de mes amis, il est réducteur de le penser.

Gérard Eicher, inspecteur divisionnaire

      Train 17465 en provenance de Limoges annoncé avec un retard d’environ 45 minutes. Une veine. J’ai horreur d’attendre. J’ai horreur des gares ; la seule fois de ma vie où j’ai pris le train, j’avais dix ans, les oreillons et ma grand-tante Alberte qui tapait sur mes doigts avec son crochet à tricot et me brulait les mains avec son porte cigarette. Pinochet au féminin avec une mise en plis mauve, un tablier en nylon Daxon et un sac à main de la talle d’une baignoire. Le commissaire en est sûr, notre homme doit arriver par ce train, un pansement sur l’oreille ; « de velours » qu’il m’a dit, tu le cueilles, tu l’embarques et c’est joué. 45 minutes à ne rien faire, je peux pas ! Inspecteur Gérard Gleyze…action ! Le point presse…un polar au hasard, un Maigret…Maigret, direction buffet…un sandwich et deux bières ! »

     Le moins que l'on puisse dire, c'est qu'il a plutôt réussi Justin, depuis la Communale à St Léonard ; petit pavillon « Maison partout » au Clos Charmant, colonnes et escaliers en marbre, cheminée avec fausses bûches pour faux feu. BM série 3, une femme, et une vraie, reine de la blanquette de veau ; il aurait peut-être dû l'écouter, la Simone. « Justin, quand on est bouché chez Leclerc, qui plus est chef de rayon, faut pas mélanger les torchons et les serviettes, les lardons et les paupiettes, laisse donc Simenon et Maigret à la télé et occupe-toi donc de tes clients. » Ça me fait tout drôle de le voir étendu sur le billot de boucherie, tout ce qu'il y a de plus mort, aussi froid que ses carcasses de boeufs, sauf que pour le coup son assassin à lui l'a plutôt pris pour un taureau... Lui a découpé les deux oreilles avec une Varlope et planté, en guise de banderilles deux aiguilles à tricoter là où palpitait son gros coeur de viandard. « Le boucher Peudot tué par un toréador? » ça rendrait pas mal dans les pages régionales de la dépêche... 

      Je le revois au tableau, en CM1, en train de réciter avec le père Sandrin, déjà joufflu Justin. « L'homme sans cou » (on l'appelait pas encore « coupe-rose »), déjà bien planté sur ses deux jambes, le buste légèrement en arrière, ses bras trop courts autour de son ventre naissant. « La granouille qui voulait se faire aussi grosse que le boeuf », il récitait, le début était bien, le débit assez rapide pour e ralentir ensuite et s'essouffler ; le rouge montait aux joues, les mains devenaient blanches, moites et finissaient par trembler comme deux blocs de gélatine...

      L'arme du crime... outil d'ébénisterie, une lame tranchante a deux poignées en bois aux extrémités. Le grand-père de ...., ébéniste de formation et maton à Fresne pendant quarante ans, la lui avait offerte le jour de ses dix ans, cette sorte de hachoir qui n'a jamais vu ni persil, ni ail, ni lardon...quoique. Les deux aiguilles.

       La ménagère devant son écran brandit ses flèches à laine, ses épées Damar, et malgré l'agitation de Pascal Sevran, transperce d'un seul coup son coeur Damar.

 

 

 

................à bon entendeur, salut !

5 mars 2012

ooooh bè

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5 mars 2012

silhouette

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29 décembre 2011

Trogne

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29 décembre 2011

Moi j'aime aimer...

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Moi j'aime aimer
les oiseau, le vent, le soleil
les feuilles des arbres qui chantent le matin
et qui chantent le soir
le goût mouillé de la rosée sur mes pieds
l'odeur des champignons sous le lit des feuilles orangées
le frais d'un rameau entre mes mains froissé
le bruit des cailloux qui déboulents sous les pas
la couleur des fils barbés
le parfum du bois pourris
le crissement de la neige fraiche, et son scintillement, là-bas sur la colline
son onde silencieuse qui s'élance de l'horizon
y courir, y tomber et la piquer du menton gercé

Et j'aime aimer
mon père et ses messages sans message sur mon répondeur laissés
ses multiples photos, autoportraits de grimaces
ses bougonnement quand je me glisse dans son lit
les petits plis de ses yeux quand il me sourit
la photo de ma mère au dessus de mon bureau
sa chaleur quand je blotti ma tête sur son ventre,
son silence ou sa voix quand on rentre du cinéma
son nez, ses yeux sur son visage
et ses cheveux quand au loin je le reconnait

j'aime cet amour là
et celui qui soulève mon coeur d'alégresse
lorsque je viens de voir un ami
les pages de roman qu'on relis deux fois
pour être sur de n'avoir pas imaginé leur beauté
les lettres qu'on attendait plus
les bonjours les mercis
des visages bien connus

Moi j'aime aimer toutes ces petites choses là
Ces choses simples, et je me dis
C'est pourtant pas bien compliqué, la vie!

 

27 décembre 2011

Quand c'est qu'on commence ??!

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 J, O, I, E,  J, O, I, E,  J, O, I, E, joie joie joie!

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